Notre Debriefing UFC Paris 2024
’UFC Paris, le troisième, est passé en un clin d’œil, et nous, spectateurs avides, en restons tout groggy, comme après une nuit trop arrosée.
Arrosée de coups, elle le fût, cette soirée à l’Accor Hotel Arena ; et nos français n’ont une fois encore pas été les premiers à aller se coucher… Avec un peu de surprise et beaucoup de fierté, revenons-y ensemble.
A Ultimate Fight Club, on avait pronostiqué, on s’était mouillé ; on s’est trompé. On assume.
On s’est trompé pour Farès « The Smile killer » Ziam. Lourdement. Le petit Prince de l’octogone, loin de subir la pression de Matt Frevola, a dominé les débats grâce à son envergure, empêchant l’américain de lui mettre la main dessus, infligeant des dégâts à distance et dans le clinch, et bluffant son monde par ses facultés au sol. Plusieurs fois mis à mal, l’ancien militaire a même fini par tomber raide quand le français, loin de se contenter de gérer jusqu’à une décision des juges en sa faveur, a été chercher son bonus de cinquante mille sur un coup de genou en rupture de contact quasi depuis le dos. En coup que seul un athlète de son gabarit pouvait réussir, qui atterrit en plein de le menton adverse et éteint la lumière. Une grande soirée pour Ziam, et une victoire référence. Bravo, petit Prince.
On s’est trompé pour le « Jaguar ». Et comment.
William Gomis a -encore- franchi un cap. Face à un Brito tel qu’on l’attendait (c’est à dire insensible à la douleur et à la fatigue, qui cherche à éteindre sur chaque coup et à soumettre sur chaque saisie), on a vu le pensionnaire du MMA Factory se régaler. Tellement dominant dans les échanges debout, avec cette gauche en ligne qui rentrait comme dans du beurre grâce à une gestion de la distance absolument divine, Gomis a défendu la lutte et géré la pression comme le cador qu’il est en train de devenir. Victoire logique, étonnante. Méritée.
On s’est trompé enfin, et c’est ô combien douloureux, pour Benoît.
Le « God of War » est redescendu de ses cieux ce week-end, sévèrement malmené dans ce premier round des Enfers, qui a fait renaître en nous les souvenirs du cauchemar de son premier combat à l’UFC, contre le brésilien Elizeu dos Santos.
On n’enlèvera pas à Saint-Denis ce cœur de lion qu’il possède, cette faculté à traverser la tempête sans jamais s’arrêter d’avancer et de combattre. Il faut le tuer pour l’arrêter. Mais hélas, Moicano n’en était pas loin, lui qui a réussi ce qu’on pensait impossible : amener Benoît au sol, lui prendre le dos et verrouiller le triangle de corps. Beaucoup trop facilement. De là, l’obstination du français à essayer de se relever plutôt que de chercher une position où les dégâts auraient été réduits l’a conduit à recevoir beaucoup, beaucoup, BEAUCOUP trop de coups. Beaucoup aurait été stoppés dès lors ; Benoît, lui, a survécu, et même un round supplémentaire, avant que le médecin ne demande l’arrêt du combat, à raison. Notre guerrier immortel reviendra, à n’en pas douter.
MAIS ON A VU JUSTE…
Pour Morgan Charrière, auteur comme bien souvent d’un coup qui fait la différence, et d’un KO qui lui rapportera le second bonus de « Performance of the night ».
On a vu juste, hélas, pour la défaite de Kévin Jousset, pourtant terriblement dangereux dès les premiers instants de son combat, contre un Bryan Battle inarrêtable. La marche était un chouia trop haute cette fois mais on continue de miser gros sur lui à l’avenir. Et on a vu juste, bien sûr, pour le duo Imavov-Ott. Le quatrième mondial et son coach forment un duo qui reste invaincu à l’issue de cet UFC, avec une démolition en règle, pas à pas, de Brendan Allen, qui a tout donné dès le premier round, lentement débordé par un Nassour qui débordait de confiance, restait en face dans les échanges debout, absorbait et contrait la lutte, déroulait au sol, frappait pour faire mal… Grandiose !
Le Triomphe et la Résilience des Combattants Français : Une Leçon de MMA à Domicile
Voilà. Étincelants dans la victoire, surprenants de résilience dans la défaite, les français nous ont encore fait rêver à domicile.
Jusque dans l’attitude post-fight, ne se cherchant pas d’excuses, et ne s’enfonçant pas dans des élucubrations catho-complotistes déséquilibrées comme Renato Moicano, ou racistes comme Bryan Battle. Si on ajoute une touche de respect pour le public qui, à notre sens, n’a pas été à la hauteur des deux précédents à Paris, on a la recette qui a fait, et fera encore longtemps le succès du MMA dans l’hexagone…
Tancrède Culot-Blitek